"Au-delà du mal": une lecture qui réclame volonté et persévérance...
Au-delà du mal de Stevens Shane (Sonatine)
Mais pourquoi? Ce n'est qu'un thriller sur un serial-killer (le premier du genre, édité seulement maintenant en France), dont l'écriture n'est pas forcément exceptionnelle (et plutôt mal servie par la traduction). Alors pourquoi? Pas particulièrement sanglant ni horrible (je m'attendais à un roman un peu plus intense à ce niveau-là), sa lecture ne requiert pas non plus de notions de psychologie très poussées. Mais c'est un livre dense, construit sous forme de courts paragraphes qui nous font passer d'un personnage à l'autre. Et des personnages, il y en a beaucoup! En plus de la traque d'un tueur en série, ce roman nous plonge dans l'univers du journalisme d'investigation. C'est intéressant... mais vraiment trop long.
Et puis je n'aime pas les thrillers. L'emploi abusif du futur simple ne suffit pas à me faire vibrer. S'il avait été plus léger je crois que j'aurais envoyé valdingué ce bouquin au moins une dizaine de fois au cours de ma pénible lecture. En fait à chaque fois que je lisais des phrases du genre "mais à ce moment-là la victime ignorait que c'était sa dernière nuit." Ouaaah! Quel maître du suspens!
Bref, je ne suis pas emballée du tout par ce livre mais si je suis allée jusqu'au bout de ma lecture c'est bien que j'avais envie de connaître la fin...
"Le peintre antique": une quête de la perfection.
"Le joueur d'échecs": à lire sans hésiter!
Le joueur d'échecs de Stefan Zweig (LGF)
Voilà un classique de la littérature à conseiller aux lecteurs les plus récalcitrants! En moins de cent pages on peut mesurer toute l'étendue du talent de Stefan Zweig. Les personnages sont
décrits avec une précision et une sensibilité frappante, un réalisme époustouflant.
Même si vous n'y connaissez rien aux échecs, vous pouvez lire ce récit qui nous emmène bien au-delà d'une simple partie du roi des jeux. Il semble que chaque phrase de l'auteur ne soit qu'un
prétexte pour nous permettre d'aller beaucoup plus loin dans nos réflexions sur la solitude, la folie et la barbarie.
A lire, simplement.
"Surveillant": entre deux mondes, le collège.
Surveillant de David Von Grafenberg (Editions Anne Carrière)
C'est un livre qui oscille entre le témoignage et le récit. Mais c'est aussi une réflexion sensible sur l'adolescence et le microcosme d'un collège parisien. Un collège chic, privé, mais
certainement pas épargné par les violences, les problèmes, ni les accidents...
L'auteur nous raconte avec beaucoup de simplicité son rapport avec les enfants, sa façon de les aider au quotidien, leurs expériences douloureuses qui le touchent sincèrement. C'est d'ailleurs ce
qui marque dans ce livre et qui le rend très accessible: la sensibilité et la sincérité des propos. On plonge avec l'auteur dans un monde déjà oublié, souvent stigmatisé: celui des
collégiens.
L'auteur se livre sans prétention, il n'a pas de solutions miracles ni de grandes théories sur l'éducation mais cet essai nous permet d'aborder l'essentiel: l'école est souvent le réceptacle des
violences et des maux que subissent les jeunes et le soutien des adultes leur est essentiel... En ces temps où la video-surveillance et la présence policière sont présentées comme des panacées,
lire ce livre peut être salutaire!
Seul bémol que je soulignerais: les états d'âme de l'auteur concernant sa propre adolescence et son travail de résilience est trop présent dans ce livre... La réflexion aurait gagné en pertinence
si on n'était pas obligé de subir ces réflexions trop personnelles!
"Le père au bois dormant": à bouquiner en passant...
Le père au bois dormant de Matthew Sharpe (Gallimard)
Bon, on ne peut pas dire que ce roman m'ait particulièrement emballée.... L'histoire est assez touchante: un adolescent un peu rebelle et plein d'humour se retrouve à devoir s'occuper de son
père devenu subitement infirme. Suit le récit de cette aventure formatrice pour le jeune homme et pour sa soeur, une ado un peu perturbée... L'humour est bien présent dans ce livre mais il est
assez grinçant, vu le sujet abordé. C'est relativement bien écrit, ça se lit facilement mais il perdure de la lecture de ce roman une impression un peu désagréable, amère... De plus, sans vouloir
faire de chauvinisme, c'est un roman très américain, les problématiques sont parfois difficile à transposer... Ce qui m'a un peu freiné dans ma lecture.
Je vous le conseille tout de même: ça finit bien.
"Le mec de la tombe d'à côté": bien mais un peu facile!
Le mec de la tombe d'à côté de Katarina Mazetti (Gaïa)
Bon, déjà, c'est une histoire avec une bibliothécaire. Donc je crains le pire, je tremble, je m'attends à sentir une pluie glaciale de clichés s'abattre sur moi...
Mais en fait, ça va.
Donc je peux reprendre ma lecture et ma critique.
Avec son titre un peu énigmatique et ses jolies pages roses (j'adore les éditions Gaïa!); ce livre nous fait découvrir deux personnages attachants. L'une est bibliothécaire et veuve (d'où mes
craintes...), l'autre est un fermier célibataire. Ils n'ont rien en commun mais vont tout de même vivre une histoire d'amour ensemble. C'est une jolie histoire, avec une fin intéressante, bien
qu'un peu déprimante.
Le roman est polyphonique, les deux personnages s'expriment tour à tour avec leur vocabulaire, leurs tics de langage. C'est une bonne idée, cela rend le roman plus vivant, plus facile à lire.
Mais au bout d'un moment j'ai fini par trouver ça un peu simpliste. C'est d'ailleurs le principal reproche que je ferais à ce livre: on est souvent à la limite de la caricature. Certes on ne
franchit pas cette limite et la lecture est agréable, mais l'histoire et les personnages nous font souvent frôler les bons vieux clichés... A lire cependant, je le conseille toujours avec
plaisir!
"Mes chères études": un témoignage sensible et essentiel
Mes chères études de Laura D. (Max Milo)
Ce n'est pas un roman, mais la facilité avec laquelle on lit ce livre le rend particulièrement accesible. L'écriture est simple, claire, pleine de pudeur et lucidité. Le sujet est en effet
difficile à aborder, et la sortie de ce livre a permis aux médias de s'intéresser un peu à ce sujet tabou.
En France, en 2010, il y a des jeunes filles brillantes pour qui le seul moyen de payer leurs études est de se prostituer. Constat accablant et silence troublant... J'ai eu envie de
lire ce livre parce que je suis révoltée par cet état de fait. Comment peut on en arriver là?
L'auteure nous explique ce qui l'a poussée à se retrouver dans une telle situation. Son témoignage est édifiant, bien qu'un peu maladroit parfois, mais son courage force l'admiration.
Je vous conseille vivement la lecture de ce livre; un livre à lire en se détachant de toutes tentations voyeuristes, juste pour prendre conscience d'une situation dramatique et porter un
autre regard sur cet aspect méconnu de la prostitution...