"Le nécrophile": une écriture parfaite au service d'un thème monstrueux
Le nécrophile de Gabrielle Wittkop (Verticales)
Rien que le titre fait froid dans le dos, et si vous réussissez à lire la première scène du roman, alors la suite du livre vous paraîtra presque naturelle. Parce qu'il s'agit bien de l'histoire
d'un nécrophile, écrite à la première personne du singulier...
La première scène de ce "roman d'amour" donne véritablement la nausée mais c'est un roman passionnant, dérangeant et... terriblement humain. Si le personnage principal est un être humain lambda
(capable cependant de déterrer les cadavres pour forniquer avec eux), que sommes-nous capables de faire, nous, citoyens ordinaires? C'est ce genre de questions qui se posent à travers la
lecture de ce livre. Autant dire qu'il est essentiel d'avoir le courage de lire cette oeuvre dérangeante...
De plus, l'écriture est admirable, le vocabulaire châtié, les ambiances parfaitement décrites... Le contraste avec l'horreur du sujet n'en est que plus saisissant.
Je pourrais en dire plus encore sur ce roman qui est certainement l'un des meilleurs que j'aie jamais lu mais j'espère seulement avoir attisée votre curiosité et j'attends vos commentaires!
"la pluie, avant qu'elle ne tombe": un peu décevant...
La pluie, avant qu'elle ne tombe de Jonathan Coe (Gallimard)
J'ai eu le plus grand mal entrer dans ce roman. Il faut dire que ce n'est pas une histoire particulièrement joyeuse. On commence d'entrée sur un décès. Le ton est donné...
Malgré cela, c'est une histoire émouvante qui nous emporte au fur et à mesure de la lecture... L'histoire d'une femme liée étrangement à une famille où plusieurs générations de filles vont se
succéder. Il y a un petit côté mystérieux au début qui permet de s'accrocher à la lecture puis les personnages complexes nous donne envie de connaître la suite...
Ce roman est construit autour des personnages féminins, les hommes sont au second plan et c'est plutôt une bonne idée. Le ton est juste, l'histoire cohérente.
Mais je regrette un peu la construction "facile" qu'a choisi l'auteur: une description de photographie = un chapitre. Mouais... Pas vraiment révolutionnaire ni compliqué...
Cependant c'est un bon roman, que je vous conseille (sauf en cas de dépression parce que ce n'est vraiment pas gai)!
"Sept jours dans le monde de l'art": à découvrir sans préjugés!
Sept jours dans le monde de l'art de Sarah Thornton (Autrement)
Voilà un essai qui se lit comme un roman! Cette enquête mi-sociologique, mi-anthropologique nous fait découvrir le monde de l'art de façon très agréable. Nous suivons l'auteure dans plusieurs
lieux clés de cet univers si particulier. Le voyage nous conduit un peu partout dans le monde, ponctué de rencontres marquantes avec des artistes, des marchands, des critiques, des conservateurs
de musée, des collectionneurs...
Les extraits d'interviews sont judicieusement placés, on apprend beaucoup sur les personnalités de ce microcosme. Le rythme de lecture ne s'essouffle pas et l'écriture accessible (servie par une
bonne traduction) permet aux profanes de découvrir ce monde à part avec plaisir. Seul petit point négatif: bien que le monde de l'art soit mondialisé, l'auteure (canadienne) s'est surtout
intéressée aux pays anglo-saxons.... Mais c'est peut être un peu de chauvinisme de ma part!
Un livre à lire donc, pour les passionnés et les curieux!